L’Approche du Loup

Le problème avec Moretti, c’est qu’il est intouchable.

Il ne sort jamais sans une armée autour de lui. Il ne fait confiance qu’à un cercle restreint de fidèles.

Mais chaque homme a une faille.

La sienne s’appelle Luciano Greco, un homme de main qui gère ses opérations en France. Lui, je peux l’atteindre.

Hugo a mis la main sur son agenda. Ce soir, il dîne dans un restaurant chic du centre-ville. Un lieu neutre, parfait pour une rencontre… ou un piège.

J’arrive en avance. Costume sombre, démarche calme. Je prends place à une table dans l’angle, suffisamment loin pour ne pas attirer l’attention, mais assez proche pour entendre.

Luciano arrive pile à l’heure, entouré de deux gorilles en costume. Il s’installe, commande une bouteille de vin hors de prix et commence à parler affaires avec son interlocuteur, un homme que je ne reconnais pas.

Je les observe. J’écoute.

Des bribes de phrases me parviennent. Livraison… nouvelles recrues… Moretti veut une confirmation.

Ils parlent d’une transaction. Un échange qui aura lieu demain soir, sur les quais.

L’occasion parfaite.

Je me lève, ajuste ma veste et me dirige tranquillement vers leur table.

Les deux gardes me repèrent immédiatement. L’un d’eux pose une main sur son arme sous sa veste.

Luciano lève les yeux vers moi, intrigué.

— Puis-je vous aider ? demande-t-il, faussement poli.

Je souris.

— Je veux parler affaires.

Il hausse un sourcil.

— Je ne fais pas d’affaires avec les inconnus.

Je sors lentement une clé USB de ma poche et la pose sur la table.

— Alors considère ça comme un CV.

Il échange un regard avec son homme de main, puis prend la clé.

— Pourquoi je devrais te faire confiance ?

Je m’appuie légèrement sur la table, mon regard planté dans le sien.

— Parce que je suis celui qui a éliminé Marc.

Un silence tombe sur la table.

Puis Luciano éclate de rire.

— Intéressant.

Il se penche vers moi, son sourire disparaissant.

— Tu as cinq minutes. Convaincs-moi.

Le Piège se Referme

Je quitte le restaurant une heure plus tard avec un numéro de téléphone et une invitation.

Demain, sur les quais, je vais rencontrer des hommes de Moretti.

Ils pensent que je veux entrer dans leur réseau.

Ce qu’ils ne savent pas, c’est que je vais les détruire de l’intérieur.

Léa va me tuer quand elle l’apprendra.

Mais pour nous protéger, je n’ai pas d’autre choix.

Léa dort paisiblement, sa respiration régulière trahissant l’illusion d’une nuit sereine. Moi, en revanche, je suis bien loin du sommeil.

Assis dans l’ombre de notre chambre, je passe en revue chaque détail du plan. Demain soir, sur les quais, tout devra être parfait.

Je jette un œil à mon téléphone. Un message clignote.

Luciano Greco : "23h. Quai 14. Ne sois pas en retard."

Un sourire amer étire mes lèvres.

Je ne le serai pas.

L’Heure du Doute

Le matin, je quitte l’appartement avant que Léa ne se réveille. Si elle me pose trop de questions, elle devinera que je prépare quelque chose. Et je n’ai pas besoin d’un combat avec elle avant une mission aussi risquée.

Hugo m’attend dans une voiture banalisée, moteur tournant.

— T’as pas l’air en forme, commente-t-il en me scrutant.

Je monte sans répondre et sors une cigarette, que je fais rouler entre mes doigts sans l’allumer.

— T’es sûr de vouloir faire ça ? continue-t-il.

Je tourne la tête vers lui.

— Depuis quand t’es du genre à hésiter ?

Il pousse un soupir, accélère.

— Depuis que je sais à quel point ces types sont dangereux. Moretti, c’est pas Marc ou Lemoine. C’est un autre calibre.

Je hoche la tête. Je le sais mieux que quiconque.

— Justement. Il faut frapper avant qu’il ne le fasse.

Hugo ne répond pas, mais son regard dans le rétroviseur en dit long.

Il pense que je vais me faire tuer.

Peut-être a-t-il raison.

Mais si je n’agis pas, Moretti nous traquera tous jusqu’au dernier.

Préparation au Chaos

Je passe l’après-midi à mettre en place un plan de repli avec Hugo. On analyse les accès aux quais, les routes d’évasion possibles, les hommes susceptibles d’être postés à proximité.

Tout doit être sous contrôle.

— Si ça tourne mal, je veux que tu t’éloignes, lui dis-je.

Hugo me fusille du regard.

— Arrête tes conneries. Si tu tombes, je tombe avec toi.

Je secoue la tête.

— C’est un ordre.

Son poing se crispe sur le volant.

— Va te faire foutre avec tes ordres.

Un silence tendu s’installe. Puis il ajoute :

— Mais on va s’en sortir. Comme toujours.

J’aimerais en être aussi sûr que lui.

Les Ombres du Quai 14

23h. L’air est glacial. Une fine brume s’élève au-dessus de l’eau noire, rendant l’atmosphère presque surnaturelle.

J’avance vers le Quai 14, mains dans les poches, regard alerte.

Luciano est là, entouré de quatre hommes. Tous en costume, tous armés.

— Pile à l’heure, lance-t-il en souriant.

— Toujours, réponds-je en m’arrêtant à quelques mètres.

Il me détaille un instant, puis fait un signe à l’un de ses hommes. Ce dernier ouvre une mallette et en sort un dossier, qu’il me tend.

— Moretti veut te tester avant de t’intégrer.

Je prends le dossier et l’ouvre.

Une photo. Un nom.

Anton De Luca.

— C’est un ancien associé qui a fait une erreur, explique Luciano d’un ton léger. Moretti veut s’assurer que tu es fiable. Tu le retrouves, tu l’élimines.

Je referme lentement le dossier.

— Et si je refuse ?

Luciano sourit, mais ses yeux restent froids.

— Alors tu deviens notre nouvelle cible.

Je fixe l’homme en silence. Je ne peux pas tuer cet homme. Mais je ne peux pas refuser non plus.

J’ai déjà un plan en tête. Mais pour l’instant, je dois jouer le jeu.

Je glisse le dossier sous mon bras et souris à mon tour.

— Je vais régler ça.

Luciano éclate de rire et me tape sur l’épaule.

— J’aime ce type !

Ils s’éloignent, me laissant seul sur le quai.

Je relâche un souffle.

Maintenant, tout commence.